Aujourd’hui, je me retrouve à fuir tout sentiment, quel qu’il soit.
Je suis paumée.
Trop d’amour et je fuis. Trop de colère et je pars. Trop de trop et je me fais discrète.

Spécialiste des prises de tête, disputes en tout genre, je me regarde au loin disparaître vers les gens mollassons qui fuient tout conflit. Je ne me reconnais plus. Divinité de l’esprit de contradiction, je ne suis aujourd’hui qu’un pâle mouton au regard vide.

Dernièrement, je me suis senti aussi froide qu’un cadavre. Mon cœur n’était plus rouge mais bleu. Je suis perdue. Folle passionnée que j’étais, je me sens tellement fadasse que cela me fait peur.

Je n’arrivais plus à ressentir de la contrariété. Je n’arrivais plus à aimer ou à m’attacher tout simplement. Vidée. Blasée. Inintéressée. Lassée si vite que cela en est insolent. Je ne me reconnaissais plus. Je ne me reconnais plus.

 

Deux jours. Mais en réalité, à peine 20 heures. Jeune. Blond. Insouciant peut-être même un peu inconscient. Les yeux d’un bleu si profond que cela en est presque déstabilisant d’y plonger son regard. Déstabilisant et angoissant.

Il a un très joli sourire. Des dents bien blanches et alignées. Il n’est pas très grand. Plutôt petit même. Mince. Mais le torse sculpté. Il joue au foot. Il boit. Il fume de l’herbe.

Une larme. Puis une seconde. Une troisième pointe au bout de mes cils. J’évacue. Je respire plus fort. Je me reprends. La douleur passe. Je souris. Je suis à autre chose.

 

Et puis de temps à autre ça me reprend. Une solitude. Une insomnie. Cet article.

Je suffoque. L’air m’est insuffisant. Les larmes de nouveau.

Je ne me comprends pas. 20 heures à tout casser. Je ne le connaissais pas. Pas vraiment. C’était trop bref. Les conditions n’étaient pas optimum.

Je revois son visage. Les larmes dévalent mes joues ; s’effondrent au sol.

Je ne le connaissais pas. Mais il m’a parlé. Il m’a souri. Il m’a prise dans ses bras aussi. Sa peau a touché la mienne. Et ses lèvres mes joues.

Je ne comprends pas la douleur qui m’accable, cette chose qui provoque crise de larmes et manque d’oxygène.

Il a été si proche de moi mais tout aussi lointain. Pourquoi diable cette peine vient troubler mes moments solitaires.
Je ne l’aimais pas. Et pourtant je pleure pour lui. Pour ce visage. Cette présence qui fut proche de la mienne.

 

Mon corps, mon esprit réagissent plus à une vague connaissance qu’à mon ex. Il est bien là le problème. Je ne sais plus aimer. Je ne sais plus ce qu’est d’avoir de l’affection pour quelqu’un. Quelqu’un qui se veut intime. Je suis froide. Distante.
Qui suis-je.

Cette peine me bouleverse, me pousse dans mes retranchements.
Mais je n’ai pas envie de savoir pourquoi. Je veux continuer cette vie dont je ne suis que la lointaine observatrice. Oui, parce que je ne me sens pas impliquée outre mesure dans ce que je fais. Je vis par automatisme. Je me regarde vivre. Je n’y participe pas. A cette vie. Pas vraiment. Pas tout a fait. Rien qu’un peu. De loin. Très loin.

 

 

Il avait 24ans.
Accident. De voiture.
Il n’est plus.
Et ça, ça me fait mal.