Je veux vivre.
Bientôt 24 ans et ma vie me dépasse. Je pleure 4 fois par semaine. Y a le quota des gays et des noirs dans les séries tv. Moi j'ai le quota des larmes.
Je suis là. Je ne suis plus là.
Une morte dans un corps qui fonctionne. Voilà ce que je suis. Résidu de ce que la vie a fait de moi.
J'entends le martèlement sur mon crâne. Je le sens. Il s'exprime. A chaque cri intérieur, à chaque douleur invisible en sourdine.
Je vous regarde. Je vous vois passer près de moi. Je sens quelques effleurements et puis l'espace s'immisce. Je me retourne mais vous n'êtes déjà plus là.
La vie défile. Implacable. Le temps se presse. Le temps m'oppresse.
Je voudrais plus d'air. Et beaucoup moins de liquide lacrymal. Encore que. Même les molécules d'air sont acides ces temps-ci. Je ne veux pas, regarder en arrière et me dire que j'ai foiré. Foiré quoi d'ailleurs? Je ne sais pas, je ne sais plus. Je veux vivre.
Ça ne va pas mais ai-je envie de me préoccuper de tout ça? Me demander ce qui ne va pas et ce qui va, pourquoi pas. Décortiquer, disséquer, analyser... Basculer. Basculer dans une bulle nommée ego, nommée peines, nommée réalité.
Non. Je suis partie et je me suis perdue. Je ne veux pas revenir, le chemin est bien trop sombre et bien trop long.
Laissez-moi me perdre. Laissez-moi me pendre. En une lettre je retrouve la route. Mais est-ce là le bon chemin ? Je veux vivre.
J'suis pas inspirée. J'suis pas captivée. Je vacille. Lentement mais sûrement.
J'ai pas été d'accord avec tout ça. Je tiens à le préciser. Moi je voyais mon avenir tout tracé. Mais y a eu mal donne. Il a fallu tout recommencer. Et là ça a planté.
Je ne vois plus. Plus d'avenir. Plus d'amour. Plus de vie. J'suis plus là mais loin. Très loin. Derrière les limbes, derrière les chimères, derrière l'irréel. Réel, irréel, je ne sais plus. Je suis perdue.
Chienne de vie. J'ai pas choisi.
Regardez-moi. Vous y verrez la joie de vivre. J'sais sourire, j'sais rire parce que ça on me l'a bien appris. Se camoufler, se protéger. Jamais extérioriser. J'ai grandi dans une douleur cachée. Mais...
Je me noie dans un verre d'eau. J'en perds mes mots. J'en gagne des maux.
Je veux vivre.

Moi, ma tête et mes peines. On laissera juste quelques miettes. Un peu brisées. Un peu déchirées. Un peu cicatrisées.
Mais en attendant, le soleil se couche. Et le temps part...me laissant, moi et mes larmes.